À l’époque des premiers pianos fabriqués individuellement à la main par des artisans, le « facteur » de piano était celui qui les construisait. (Le mot vient du nom « facture » instrumentale). Aujourd’hui, la fabrication des pianos étant presque entièrement robotisée, le terme « facteur » n’est donc plus celui qui les construit, mais celui qui les entretient (accords, harmonisations, réglages), les répare, les restaure.
Malheureusement, bon nombre de réparateurs de piano n’ont qu’une initiation succincte du métier d’accordeur de pianos sans parler de l’harmonisation. En effet, ce métier est fort complexe, demande de longues années de formation en commençant très jeune (moins de 25 ans à cause du déclin auditif). Il nécessite aussi d’être musicien obligatoirement, pianiste de préférence et d’avoir par conséquent un certain don artistique.
Le terme « réparations » de piano comprend une multitude d’opérations qui peuvent se regrouper en trois grands volets :
Les réparations du meuble : elles seront réalisées par un menuisier ou un ébéniste ainsi qu’un vernisseur.
La grande restauration de piano : il s’agit d’une remise à neuf complète du piano (structure harmonique, mécanique, clavier, meuble).
Exemples :
- Reperçage du sommier afin de pouvoir recheviller correctement.
- Démontage du cadre métallique afin de le redorer et de le revernir.
- Calcul de la charge afin de restituer la sonorité d’origine du piano et de ne pas mettre en souffrance la table d’harmonie
- Raclage et reflipotage de la table d’harmonie fendue
- Calcul du plan de corde et remontage en corde
- Vernissage au tampon du meuble…
Ceci nécessite plusieurs mois de travail à temps complet et est très onéreux. Voilà pourquoi ce genre de chose ne s’effectue que sur des pianos de très grande valeur.
Les réparations de pianos que je réalise de manière régulière concernent la mécanique et le clavier essentiellement mais nécessitent en général un retour en atelier de plusieurs jours voire plusieurs semaines.
Voyons les cas des réparations de pianos qui se présentent couramment et les causes associées :
Suite à l’humidité excessive et/ou la qualité médiocre des matériaux et/ou l’encrassage, cela peut occasionner des touches qui coincent ou muettes, un toucher « caoutchouteux », des pivots grippés : il faudra effectuer un changement des pivots des 88 notes. Chaque note possède 3 pivots pour les pianos droits et 6 pivots pour un piano à queue en moyenne. Le réparateur de piano travaillera un peu comme l’horloger tant sera grande la précision d’ajustage des axes (1/100ème mm).
Les mêmes causes peuvent aussi avoir endommagé les nombreux ressorts en laiton de la mécanique en ayant produit du vert de gris. Il faudra alors les remplacer.
Suite aux mites, toutes les lanières de la mécanique et toutes les feutrines (garnitures et sous-garnitures) de la mécanique et du clavier peuvent être détruites. Il faudra alors les remplacer une à une. Dans le cas contraire, il ne sera plus possible de jouer sur le piano.
Suite aux souris, par l’action corrosive de l’urine, les dégâts peuvent être extrêmement rapides et de très grande ampleur. Cela peut avoir détruit les ressorts et faire coincer les pivots. En outre, ces petites bêtes peuvent grignoter, et donc détruire, les lanières et les feutrines. Sans compter les crottes qui peuvent faire coincer la mécanique et le clavier.
Bien sûr, il y a l’usure naturelle, plus vous jouez, plus les pièces s’usent ! Mais dans ce cas précis, il s’agit souvent d’une usure progressive et beaucoup plus uniforme. Les mortaises de clavier et les feutres en laine des têtes de marteaux sont les deux seuls éléments qui s’usent « naturellement ». Les premières doivent être remplacées dans le cas où les touches claquent les unes contre les autres. Les seconds prennent l’emprunte des cordes, se strient, se tassent, altérant profondément le son du piano ; il est indispensable de les poncer et si trop usés, regarnir les têtes de marteaux, voire les remplacer.
Des touches de piano peuvent être cassées, ce genre de chose arrive rarement mais est parfaitement possible. Un échange standard est impossible, il faudra alors les réparer. Des manches de marteaux peuvent aussi se briser si le bois est trop sec.
Des cordes peuvent casser, quelques fois même durant l’accord ; même si un accordeur consciencieux prendra le plus grand soin afin d’éviter cette mésaventure, cela ne sera pas dû à une erreur de sa part mais à une faiblesse de la corde qui elle aussi subit des altérations (exemples : l’oxydation, détérioration du cuivre, etc.).
Parfois, les cordes peuvent « friser » (comme une sorte de zinguements), il faudra soit les remplacer soit les repositionner.
De temps en temps, il est nécessaire d’effectuer un dépoussiérage complet ; outre le plaisir d’avoir l’intérieur de son piano propre, cette action a un réel intérêt afin de pas modifier les réglages subtils et de prévenir l’infestation des mites.